21.

C’est la fin du mois de mai 1795, ce mois de prairial an III, et parce que les sans-culottes sont vaincus, pourchassés, souvent arrêtés et parfois massacrés, on ose se proclamer royaliste.

Le mot « révolutionnaire » est proscrit, on peut donc donner son sentiment sur ces « années de sang » durant lesquelles on n’avait pas seulement « terrorisé » les « honnêtes citoyens » en les menaçant du « rasoir national » mais conçu et voté la Constitution de 1793, dont Boissy d’Anglas dit aujourd’hui qu’elle n’était que l’« organisation de l’anarchie ».

 

Plus personne n’appelle Boissy d’Anglas Boissy-famine !

Il est le rapporteur d’une commission de onze membres chargée de préparer une nouvelle Constitution.

C’en est fini des belles déclarations de 1793, qui n’évoquaient que les « droits » et jamais les « devoirs ».

La Constitution nouvelle ne parlera pas de droit d’assistance et de droit d’insurrection.

Boissy observe : « Lorsque l’insurrection est générale, elle n’a plus besoin d’apologie, et lorsqu’elle est partielle elle est toujours coupable ! »

Alors pourquoi y faire référence dans un texte constitutionnel ? C’est l’individu qui est la source du « bien » et non l’action collective ou l’État.

« Faites constamment aux autres le bien que vous voudrez en recevoir », voilà ce que la nouvelle Constitution doit affirmer.

Et répéter que c’est sur le « maintien des propriétés » que repose tout l’ordre social.

Boissy d’Anglas écrit dans son rapport du 23 juin 1795 (5 messidor an III) :

« Nous devons être gouvernés par les meilleurs, c’est-à-dire par ceux qui possèdent une propriété, qui sont attachés à la tranquillité qui la conserve et qui doivent à cette propriété et à l’aisance qu’elle donne l’éducation qui les a rendus propres à discuter avec sagacité et justesse… Un pays gouverné par les propriétaires est dans l’ordre social, celui où les non-propriétaires gouvernent est dans l’état de nature, c’est-à-dire dans la barbarie. »

 

Les onze membres de la commission sont tous des députés du Ventre de la Convention, souvent d’anciens Girondins, des modérés, tel Pierre Claude François Daunou, prêtre et professeur de théologie avant 1789, puis prêtre jureur. Il a refusé de voter la mise en accusation et la mort du roi.

La Constitution de 1793 est pour lui la « Constitution du faubourg Saint-Antoine ». Il prend la plume au nom de la commission des onze pour rédiger le nouveau texte constitutionnel.

Il rejette l’idée que le pouvoir exécutif, qui sera composé de cinq membres, puisse être élu par le peuple :

« Le peuple pourrait désigner un Bourbon ! » s’exclame-t-il.

 

Les cinq membres qui composeront ce Directoire de la République seront désignés par deux Conseils, l’un, celui des Cinq-Cents (l’Imagination), aura le droit de proposer la loi, l’autre, celui des Anciens (la Raison), deux cent cinquante membres, de la voter.

Et ce sont les Anciens qui, dans une liste de cinquante noms proposés par les Cinq-Cents, choisiront les Cinq Directeurs. Ceux-ci – renouvelables tous les ans par cinquième -seront vêtus d’un costume chamarré, « protestation, dit Boissy d’Anglas, contre le sans-culottisme ».

Pour voter, au scrutin secret, le citoyen doit avoir vingt et un ans accomplis et payer une « contribution directe, foncière ou personnelle » : le suffrage n’est donc plus universel, mais « censitaire ». Les soldats qui ont lutté pour l’établissement de la République sont dispensés de cette condition. Mais, « les domestiques à gages attachés au service de la personne ou du ménage, comme les fous, les faillis, les accusés, ne peuvent être électeurs ».

 

Les onze membres de la commission sont inquiets. Ils veulent que « leur enfant », la Constitution, « l’enfant aux onze pères », lit-on dans les journaux, protège le pays d’un « pouvoir exécutif fort » comme ils l’ont connu sous la monarchie, mais aussi sous la Convention.

Ils se défient donc du pouvoir d’un seul, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une Assemblée, comme l’a été la Convention durant la Terreur.

Et ils mesurent aussi la haine du peuple pour les « ventres pourris », les « ventres dorés », car la misère et la disette sont toujours là, à serrer la gorge des plus humbles.

La « soudure » avec la récolte de 1795 – abondante – tarde à se faire.

Une mouche de police signale dans un rapport de fructidor an III (août 1795) que « les estomacs vides battent la générale et sonnent le tocsin de la Constitution ».

On veut chasser les conventionnels, à quelque clan qu’ils appartiennent.

« On ne réélira pas ces coquins », dit-on.

Pis : le peuple est si exaspéré, qu’il crie : « Vive le roi ! »

Ces mots qui font trembler les régicides, on les entend à Chartres, où un représentant en mission est assiégé par une foule qui hurle : « Vive le roi ! Vive le roi ! »

Le représentant est forcé de signer un arrêté qui taxe le pain à trois sous. Le soir, il se suicide.

La troupe doit intervenir, livrer bataille pour rétablir l’ordre et disperser ces rebelles en tuant une dizaine.

 

Et ce cri de « Vive le roi ! », les jeunes gens qui jadis suivaient Fréron, cassaient leurs gourdins noués et plombés sur le dos des sans-culottes, le poussent contre la Convention dont ils se défient.

Il leur semble qu’elle ménage les sans-culottes. Ne célèbre-t-elle pas le 14 juillet, décrété une fête nationale ?

Ne fait-elle pas chanter La Marseillaise ? Ne regroupe-t-elle pas autour de Paris des troupes nombreuses ?

Or, contre qui ces soldats pourraient-ils intervenir, sinon contre cette Jeunesse dorée que Tallien, Barras, Fréron ont utilisée et qui maintenant les inquiète ?

 

Car les muscadins sont désœuvrés.

« Paris offre, écrit un témoin, un assez étrange phénomène. C’est celui d’un assez grand nombre de jeunes gens qui souvent sans autre nom que celui qu’ils usurpent et sans autres ressources connues que celles du jeu font une dépense annuelle de deux à trois cent mille francs. À ces aventuriers se sont jointes des personnes de marque mais diffamées qui, trouvant le métier assez bon, se livrent au même genre d’industrie. »

Ils vivent donc de l’« agiotage », du jeu, et se retrouvent au Palais-Royal.

Et ils vivent d’expédients, dans un luxe précaire. Que seront-ils demain ?

Ils rêvent d’un roi.

« Les espérances les plus folles se manifestent de toutes parts, lit-on dans le journal Le Moniteur. C’est à qui jettera plus promptement le plus ouvertement le masque. On dirait, à lire les écrits qui paraissent, à entendre les conversations de gens qui se croient dans la confidence, que c’en est fait de la République. Parce que la Convention secondée, poussée même par le zèle et l’énergie des bons citoyens, a remporté une grande victoire sur les terroristes, sur les successeurs de Robespierre, il semble qu’elle n’ait plus qu’à proclamer la royauté… »

Les rapports de police signalent que des « petites gens sans ressources regrettent hautement l’Ancien Régime ».

Dans un journal qui s’intitule Le Ventriloque ou Ventre affamé, on lit :

« Lorsqu’il y avait un roi mon ventre n’avait jamais été réduit à la disette qu’il éprouve, et mon ventre conclut qu’il vaut mieux un roi qu’une Convention. »

Dans les théâtres, les jeunes gens exigent qu’on chante Le Réveil du peuple, et non cette horrible Marseillaise.

On entonne : « Ne faisons qu’une hécatombe de ces cannibales affreux. »

Et en bande, on se rend sous les fenêtres de la maison d’un des onze membres de la Commission, l’ancien Girondin Louvet, homme modéré, qui a voté lors du procès du roi en faveur de l’appel au peuple.

Il s’indigne :

« Où sommes-nous ? Un citoyen paisible troublé dans l’asile de sa demeure ! Un représentant du peuple abreuvé d’outrage et violemment menacé ! Où sommes-nous ? Les chouans ont-ils vaincu ? Les cohortes anglaises sont-elles dans nos murs ?… Faut-il pour ne pas être un terroriste se réunir par bandes, aller effrayer dans leurs maisons et dans les rues les citoyens paisibles, arracher les affiches de nos frères des armées, et menacer de mort quiconque oserait chanter une chanson qui ne serait pas la sienne ? Je ne me sens pas, je l’avoue, la force de porter à ce point l’amour de la paix et de la tranquillité publique. »

 

Mais Louvet, comme les autres conventionnels modérés, ne veut pas se laisser égorger par les « royalistes » de retour. Et tous les républicains, même ceux qui ont été victimes de Tallien et de Fréron, de Barras et de Legendre, lors des journées de prairial sont prêts à se réunir, à oublier leur haine, pour faire front aux royalistes.

« Pour moi, écrit le libraire Ruault, je crois qu’il n’y a point assez de troupes près de Paris et dans Paris ; les voleurs, les chouans peuvent en approcher de si près que nous serions dans la plus fâcheuse situation s’il n’y avait pas assez de forces accoutumées à vaincre pour les repousser. Cette Vendée s’étend partout et devient de jour en jour plus effrayante… » Et Louvet s’écrie à l’adresse de ces jeunes gens que les Thermidoriens ont utilisés contre les sans-culottes mais qui leur paraissent aujourd’hui menaçants, avec leurs refrains royalistes : « Misérables, réfléchissez. Cent mille républicains peuvent être facilement distraits des armées. Que le sentiment de notre existence vous rende sages. Obéissez aux lois ou craignez que la Convention nationale parle, et vous n’êtes plus… »

Mais la Jeunesse dorée continue de manifester, de crier que la Convention contient encore dans son sein des « égorgeurs », des « buveurs de sang ».

Et le conventionnel Merlin de Thionville, qui a voté la mort du roi, combattu contre les Vendéens, s’est enrichi, a aux côtés du général Pichegru pris la tête des bandes de la Jeunesse dorée, le 1er germinal, pour faire rentrer dans leurs faubourgs les émeutiers, écrit :

« Soyez persuadés que si vous souffriez à Paris le retour d’un roi, tous les soldats dont je connais l’esprit et les intentions se disputeraient l’honneur de venir vous anéantir, vous et votre roi. »

 

Ce roi, ce n’est plus Louis XVII.

Le fils de Louis Capet est mort le 20 prairial an III (8 juin 1795). Tous ceux qui l’avaient vu au cours des mois précédents avaient été effrayés par son corps difforme qui n’était plus qu’une plaie.

Barras – le « roi de la République ! » – avait été frappé par « son visage tout bouffi et tout pâle », ses genoux, ses chevilles, ses mains enflées, son regard innocent d’enfant de dix ans, exprimant souffrance et désespoir. Barras avait demandé que l’on nettoie la chambre où Louis XVII était maintenu, qu’on le fît promener, qu’on le soignât.

Mais aucun des Thermidoriens ne doutait de la prochaine issue fatale.

Et cependant, à l’annonce de la mort de Louis XVII, ils laissèrent courir la rumeur – et sans doute la favorisèrent-ils -d’une évasion de Louis XVII.

C’était manière pour ces régicides, craignant une restauration, de gêner l’oncle de Louis XVII, ce comte de Provence qui, installé à Vérone, régent du royaume, se proclama, dès qu’il apprit la nouvelle de la mort de Louis XVII, Louis XVIII, mais décidant que tant qu’il serait contraint de vivre en exil, il se ferait appeler « comte de Lille », du nom d’une seigneurie qu’il possédait à proximité de Toulouse et qui se nommait l’« Isle Jourdain »…

Le comte d’Artois devient « Monsieur », frère du roi, rêvant déjà de succéder un jour à son aîné. Mais le comte d’Artois applaudit la Proclamation de Vérone, que rend publique Louis XVIII.

Elle annonce un retour complet de l’Ancien Régime.

Louis XVIII veut « le rétablissement de la religion catholique et de notre ancienne Constitution. Ma maxime est tolérance pour les personnes, intolérance pour les principes. »

Les trois ordres (clergé, noblesse, tiers état) doivent être rétablis comme les parlements, ainsi que tous les symboles -le drapeau blanc à fleurs de lys naturellement – de l’autorité royale, le souverain étant de droit divin.

Et Louis XVIII promet le châtiment des régicides, coupables d’un crime qui est aussi un sacrilège.

 

Les « royalistes de l’intérieur sont au désespoir », écrit Mallet du Pan. Ils comprennent que les régicides, se jugeant « impardonnables », vont être plus que jamais des adversaires d’un retour des Bourbons.

Tallien le répète. Il ne veut pas être pendu par le roi restauré. L’avènement de Louis XVIII et sa proclamation de Vérone « achèvent, continue Mallet du Pan, de déterminer la balance en faveur du gouvernement républicain ».

Tallien, Barras, Fréron, la Convention décident de renforcer encore les troupes qui stationnent dans les environs de Paris.

On les rapproche de la capitale. Elles s’installent aux Sablons, derrière Chaillot, non loin du bois de Boulogne.

Et les protestations des sections où les « royalistes » et la Jeunesse dorée sont majoritaires, confirment aux yeux des « républicains » la réalité du danger d’une restauration.

Ordre est donné à la police de « surveiller avec attention plusieurs quidams habitués du café de Valois et du jardin Égalité que l’uniformité et la singularité de leur costume font regarder comme suspects ».

Les jeunes gens « dorés » qui avaient servi les Thermidoriens sont désormais leurs ennemis.

Et les sans-culottes s’en réjouissent.

Un lieutenant de Gracchus Babeuf, le « partageux », l’apôtre « communiste » du Manifeste des Égaux, écrit ainsi à son correspondant parisien :

« Tu ne manqueras pas de donner encore des nouvelles. Oh, celles que tu m’as données et que j’ai reçues ce matin m’ont mis en goût. Et j’en éprouve le plus dévorant appétit. Donne-m’en toujours, je suis insatiable… Deux cents muscadins arrêtés m’annonces-tu ? Ainsi soit-il.

« Vous en tâterez donc aussi, messieurs, et vos cafés, vos habits carrés, vos chapeaux à la Cobourg, vos chats verts ne vous en garantiront point ! Quelle mine allongée et livide ils devaient avoir ! Ah, vous pensiez que tout vous était permis, messieurs de la Jeunesse dorée ! Allons, point de quartiers, qu’on les plie à l’égalité. Nul n’a le droit de dépasser le niveau. »

Et Fréron fait l’éloge de Rouget de l’Isle et de La Marseillaise.

Et le journal Le Moniteur écrit :

« La royauté, l’exécrable royauté, croyez-vous donc qu’on puisse la rétablir si facilement ? Est-ce pour nous donner un roi que nous avons abattu Robespierre ? Prétexte insensé qui couvre peut-être des intentions qu’il sera facile de dévoiler. »

Et l’on dénonce « une poignée de factieux, de royalistes, d’émigrés ».

 

La police constate qu’un émigré, le comte d’Antraigues, met à la disposition de Louis XVIII les réseaux royalistes qu’il a constitués dès l’été 1789 et qui avaient œuvré pour l’Angleterre, l’Autriche, l’Espagne, la Russie.

Des « agences » royalistes, l’une dite de Souabe, l’autre La Manufacture, ont infiltré leurs espions dans tous les Comités, les rouages gouvernementaux, et renseignent d’Antraigues.

Le général Pichegru est approché, le 29 thermidor an III (16 août 1795), par un libraire suisse, Fauche-Borel, agent de Louis XVIII.

Le roi propose à Pichegru le bâton de maréchal, le château de Chambord, le gouvernement de l’Alsace s’il se met au service de la monarchie et, pour gage de son ralliement à Louis XVIII, livre la place de Huningue au prince de Condé.

Pichegru écoute, hésite, déclare qu’il doit réfléchir.

 

Sans connaître les détails de ces propositions, Carnot et Tallien soupçonnent Pichegru et mesurent les périls qui les menacent.

Dans l’Ouest, Charette a rompu la trêve, comme Cadoudal.

Il a dit à ses compagnons :

« Vous ne croyez pas vous autres que je sois devenu républicain depuis hier ! J’ai joué la République par-dessous la jambe, je jouerai les Anglais par-dessous la cuisse. »

Car une flotte anglaise débarque à Carnac trois mille cinq cents émigrés et quinze cents prisonniers français enrôlés de force.

Charette les rejoint après avoir fait massacrer, en guise de déclaration de guerre, deux cents prisonniers « bleus », et une centaine d’autres soldats républicains qui ne se gardaient pas, confiants dans la trêve.

Un deuxième corps expéditionnaire royaliste de deux mille hommes débarque à Quiberon.

Mais en quelques semaines, Hoche, commandant de l’armée de l’Ouest, refoule méthodiquement cette « armée » disparate de près de quinze mille hommes dans la presqu’île, les forçant à mettre bas les armes et faisant douze mille prisonniers.

Tallien se précipite pour en finir avec ces « quiberonnades », qui ont pour les Thermidoriens régicides l’avantage de réunir autour d’eux le bloc républicain, des partisans de Babeuf aux anciens Girondins et à une bonne partie des conventionnels modérés.

Tallien veut, impose aux commissions qui jugent les émigrés une sévérité exemplaire.

On condamne à mort chouans, Vendéens, émigrés. Il y aura sept cent cinquante exécutions, dont celles de quatre cent vingt-huit gentilshommes émigrés.

 

Une dernière tentative de débarquement de quatre mille hommes, sous le commandement du comte d’Artois, a lieu à l’île d’Yeu.

Hoche empêche leur jonction avec les troupes de Charette, qui rend d’Artois responsable de l’échec et écrit à Louis XVIII :

« Sire, la lâcheté de votre frère a tout perdu. »

En fait, le comte d’Artois dépendait des Anglais, pressés de s’éloigner, de rembarquer ces troupes vouées à la défaite.

« Le voilà donc, Monsieur Pitt, le résultat de trois années de travaux, écrit Hoche dans un rapport du 22 juillet 1795. Il n’est pas aussi aisé de vaincre les républicains sur leur territoire que dans votre cabinet… »

À Paris, la victoire sur les émigrés et ce regain de « terreur » durcit les oppositions entre royalistes et républicains.

Et d’autant plus que, pour s’assurer d’une majorité dans le Conseil des Anciens et le Conseil des Cinq-Cents, et donc obtenir un Directoire de cinq républicains, les conventionnels par deux décrets – des 5 et 13 fructidor an III (22 et 30 août 1795) – décident que sur les sept cent cinquante membres des Conseils à élire, les électeurs ne choisiront que deux cent cinquante d’entre eux, les autres sièges – les deux tiers – reviendront aux conventionnels sortants.

Ces décrets des deux tiers sont un véritable coup de force parlementaire qui révolte les modérés, tentés par la monarchie, et la Jeunesse dorée qui espérait conquérir par l’élection le contrôle du Directoire.

Car la Constitution doit être approuvée par plébiscite, comme les décrets des deux tiers.

 

Les royalistes appellent à voter pour la Constitution et contre les décrets, contre cette Convention, « écumée sur les égouts de la France et les cloaques étrangers », et dont les membres veulent se perpétuer.

Ah ! du moins par pudeur taureaux insatiables

Vous êtes engraissés, regagnez vos étables !

peut-on lire dans Le Messager du soir.

Tallien dénonce ces « misérables libellistes gagés », ces « insectes politiques », ces muscadins qui manifestent un « abâtardissement de l’espèce humaine », avec une « paralysie commencée de l’organe de la parole ».

Et les muscadins, les royalistes, réagissent, interpellent Tallien et Barras :

« Pourquoi ces troupes autour de Paris ? Sommes-nous assiégés ou à la veille de l’être ?… Est-on chouan parce qu’on porte un collet noir ouvert ? »

Le référendum va-t-il permettre de désigner le camp vainqueur ? Les résultats sont proclamés le 1er vendémiaire an IV (23 septembre 1795).

La Constitution est acceptée par 1 057 390 oui contre 49 978 non !

Il y a 5 millions d’abstentions !

Les décrets des deux tiers ont réuni 205 498 oui et 107 978 non !

Le pays réel ne veut plus des conventionnels, liés à des années sanglantes, et, que la Terreur soit rouge ou blanche, les conventionnels l’incarnent.

On les rejette, même s’ils viennent grâce aux décrets des deux tiers de réussir à se prolonger au sein des Conseils.

Mais pourront-ils résister à la colère que leur coup de force législatif a suscitée ?

 

Des troubles éclatent ici et là.

À Dreux, un représentant à la tête de deux cents hommes a défait une troupe de rebelles, dont dix ont été tués et trente faits prisonniers.

N’est-ce pas là le signe d’un retour aux méthodes terroristes ?

Des commissaires de la section Le Peletier se rendent dans toutes les autres sections de Paris, pour lire la pétition qu’ils comptent apporter à la Convention.

« Cette malheureuse patrie n’offrira-t-elle bientôt qu’un désert couvert d’ossements humains ? » disent-ils.

« Allons-nous voir renaître ces jours d’horreur et de carnage que nous avons passés ? »

« Les échafauds vont-ils se rétablir ?

« Verrons-nous encore une fois les vieillards et les enfants engloutis dans les flots ? »

« Entendrons-nous encore retentir les fusillades de Collot ? »

Aux armes, citoyens !
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